À la suite de l’explosion des prix des matières premières, les spécialistes du bâtiment se trouvent dorénavant devant de grandes difficultés d’approvisionnement. Quelques-uns redoutent même une insuffisance des matériaux de construction qui pourra amener à une paralysie des chantiers. Focus sur la situation.

En amont de la pénurie de matériaux de construction, la montée des prix

Depuis la fin de l’année dernière, les cours des matériaux de construction ne s’arrêtent pas de grimper. Ainsi, on voit que le prix de l’acier monte de 15 à 20 % par mois. De façon générale, le prix des matériaux de construction connaît une augmentation de 20 à 50 %.

Cette flambée des prix a touché tout d’abord l’acier, puis elle a rapidement gagné d’autres matériaux tels que le cuivre, le bois de construction, les plastiques ou alors le polyuréthane.

Par ailleurs, le Président de la Fédération Française du Bâtiment, Olivier Salleron, tirait la sonnette d’alarme sur la pénurie des matériaux de construction qui commençait à mettre en difficulté quelques chantiers. Et cela pourrait empirer si cette rupture de stock continue à perdurer, au risque de voir même quelques sociétés de bâtiments suspendre leurs travaux par manque de matériaux.

Jusqu’à aujourd’hui, les problèmes d’approvisionnement touchent essentiellement la peinture, l’acier, le bois, le verre, les matériaux isolants, de même que le ciment et les plaques de plâtre.

Comment expliquer cette crise des matériaux de construction ?

Le Coronavirus, une pandémie sans précédent, sévissant partout, est à l’origine de cet état des choses.

En effet, durant la première vague de confinement décrétée à l’échelle mondiale, il s’ensuivit un important ralentissement et même un arrêt total de la production de matériaux de construction.

Par la suite, les travaux ont redémarré sans coup férir à tous les coins en même temps, ce qui a entraîné une augmentation considérable de la demande bien que l’offre se soit tarie.

En plus, les coûts des transports ont explosé, à la manière du coût du fret dont l’augmentation a atteint 400 %.

Toute cette conjoncture a incité les États producteurs des matériaux de construction à combler la demande à l’échelle locale, avant de se tourner vers l’exportation. Or, aujourd’hui, un État comme la France a considérablement besoin de l’importation dans ce domaine.

In fine, en ce qui concerne le bois, la décision des États-Unis d’imposer une taxe sur le bois canadien a amené les Américains à s’approvisionner en bois en France. Cette envolée considérable de la demande de bois survient alors que la RE 2020 (pour Réglementation Environnementale) exhorte à l’emploi des matériaux naturels comme le bois. On pourrait donc redouter dans les mois prochains une flambée ininterrompue des prix, et des problèmes d’approvisionnement grandissants.

Les professionnels du secteur du bâtiment en pied de guerre pour contourner la carence de matériaux de construction.

Face à cette envolée des coûts des matériaux de construction, et au risque d’une éventuelle carence, les spécialistes du secteur du bâtiment n’ont pas manqué d’alerter le gouvernement.

Ainsi, la FFB demanda un gel des pénalités de retard quand celui-ci est dû au manque de matériaux de construction pour autant que la société de construction n’est en aucun responsable. Cette décision exceptionnelle avait été déjà prise en 2020 en raison du confinement.

D’un autre côté, les syndicats tels que le Secimpac et la Ficime, de même que les représentants des promoteurs immobiliers ont organisé des réunions pour réfléchir aux dispositions à lancer pour gérer cette situation.

La crise pandémique étant internationale, il n’est guère facile d’avoir des expectatives précises à court, voire à moyen terme.

Cette conjoncture inédite de manque de matériaux de construction alarme les professionnels du bâtiment. Il faut avouer quand même qu’il y a réellement péril en la demeure et qu’entre diminution de rentabilité des chantiers et pénalités de retard, relancer des travaux après le confinement n’est pas une mince affaire.