Si vous envisagez de faire construire une maison ou de rénover un logement en Wallonie, 2026 sera une année charnière. De nombreuses règles évoluent, notamment pour renforcer la performance énergétique du bâti, encourager les énergies renouvelables, limiter les énergies polluantes et revoir les aides financières.

Une exigence « renouvelable » dans les constructions neuves : 35 % dès janvier 2026

À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, toute nouvelle construction (ou assimilée à du neuf) en Wallonie devra intégrer au moins 35 % de son énergie à partir de sources renouvelables.

  • Cela signifie que, dès la conception de votre projet, vous devez prévoir des systèmes qui produisent de l’énergie renouvelable : par exemple une pompe à chaleur, des panneaux solaires photovoltaïques, des capteurs thermiques et éventuellement du stockage d’énergie, selon le cas.
  • Ce seuil n’est pas seulement une « bonne pratique » : c’est une obligation réglementaire, mesurée via le calcul PEB (Performance Énergétique des Bâtiments).
  • Dans certaines situations, des exceptions sont admises : si votre projet est techniquement, économiquement ou fonctionnellement contraint (par exemple, manque d’espace, contraintes de bruit, nature du terrain, impossibilité de stocker un combustible renouvelable), vous pouvez justifier de ne pas atteindre exactement les 35 %, mais il faudra un justificatif dans la déclaration PEB initiale.
  • Le formulaire de déclaration PEB à soumettre pour votre permis de construire sera adapté : il comportera désormais une colonne dédiée à cette exigence renouvelable.
  • Le logiciel PEB officiel de Wallonie (version 15.0) a été mis à jour pour inclure cette nouvelle exigence.

Pourquoi c’est important pour vous : cela peut influer fortement sur votre design, le dimensionnement des systèmes énergétiques, et bien sûr le coût. Mais à long terme, cela peut aussi réduire vos factures d’énergie et valoriser votre bien.

Interdiction des chaudières au mazout et au charbon dans les constructions neuves

Autre mesure majeure : à partir du 1ᵉʳ janvier 2026, il ne sera plus possible d’installer de chaudières à mazout ou au charbon dans les bâtiments neufs.

  • Cela concerne à la fois le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire (ECS).
  • Cette interdiction vise à sortir progressivement des énergies fossiles les plus polluantes dans les nouveaux bâtiments.
  • Toutefois, l’interdiction touche les nouvelles constructions ou reconstructions : si vous rénovez un bâtiment existant, la situation est plus nuancée (voir partie rénovation ci-dessous).
  • Il existe un mécanisme d’exceptions : si vous pouvez prouver qu’il y a une « impossibilité technique, fonctionnelle ou économique » (par exemple, si l’installation d’une pompe à chaleur est impossible pour des raisons de bruit, d’espace, ou de coût), vous pouvez être exempté, mais il faut rédiger une note justificative avec votre dossier PEB.
  • Le Plan Air Climat Énergie (PACE) de la Wallonie prévoit en outre des mesures d’accompagnement : prime à l’enlèvement des citernes de mazout, prime pour passer à un système renouvelable (pompe à chaleur, chaudière biomasse, etc.) ou se raccorder à un réseau de chaleur.

Implications pour vous : si votre projet de construction prévoyait une chaudière au mazout (par exemple parce que c’était plus simple ou moins cher auparavant), il faudra revoir votre plan : opter pour une pompe à chaleur ou un autre système renouvelable, ce qui peut avoir un coût plus élevé à l’achat mais des économies d’énergie à long terme.

Mise à jour des méthodes de calcul PEB et de certification

Le même arrêté qui introduit le seuil de 35 % renouvelable et l’interdiction du mazout/charbon prévoit une mise à jour technique des méthodes de calcul PEB et de la certification.

  • Autrement dit, la façon dont on évalue la performance énergétique d’un bâtiment change : vos calculs (et ceux de vos architectes ou bureaux d’étude) devront prendre en compte les nouvelles méthodes.
  • Cela peut affecter vos simulations énergétiques, vos bilans prévisionnels, et les choix techniques (isolation, ventilation, surfaces, systèmes énergétiques).
  • Lors du dépôt du permis, la déclaration PEB initiale devra être réalisée selon la nouvelle « période réglementaire » (celle à partir du 1/01/2026).

Pourquoi ça vous concerne : une mauvaise anticipation peut conduire à un dépassement des exigences, ou à des surcoûts pour rectifier. Il est donc important de travailler avec des professionnels (architecte, bureau PEB) qui connaissent ces changements.

Nouvel régime des primes à la rénovation : attention à la transition

Si vous ne construisez pas, mais que vous envisagez de rénover, il y a aussi des changements importants :

  • Depuis le 14 février 2025, un régime de soutien temporaire des primes « Habitation » est en vigueur.
  • Ce régime reste en place jusqu’au 30 septembre 2026, selon les textes officiels (certains primes sans audit sont maintenus jusqu’à cette date).
  • Ensuite, à partir du 1ᵉʳ octobre 2026, la Wallonie mettra en place un nouveau régime global des primes.
  • Le régime actuel (2025-2026) prévoit des montants de prime réduits par rapport à avant : le gouvernement parle d’une baisse moyenne de 60 % des montants de base pour certaines primes “Habitation”.
  • Les plafonds d’éligibilité des revenus sont aussi revus : le revenu de référence maximum pour certains ménages est fixé à 400 €/an hors enfants à charge, selon l’annonce officielle.
  • Certaines primes “petits travaux sans audit” ou “primes chauffage” sont supprimées dès février 2025.
  • Concernant les travaux éligibles : isolation de toiture, isolation de murs (avec matériaux classiques ou biosourcés), assèchement des murs, remplacement de systèmes de chauffage (pompes à chaleur, chaudières biomasse, etc.), raccordement à réseau de chaleur…
  • Il y a bien une prime pour l’audit logement (audit énergétique) : l’auditeur agréé doit faire une visite, ensuite vous enregistrez le rapport, ce qui débloque la possibilité d’obtenir les primes travaux.

Ce que cela signifie pour vous : si vous planifiez une rénovation, il est stratégique de faire rentrer votre demande de prime avant la fin du régime transitoire (30 septembre 2026 selon certains éléments), ou du moins de bien comprendre les conditions du futur régime global. Un audit peut être très utile (voire nécessaire selon les travaux) pour maximiser les primes.

Sortir des énergies fossiles : pourquoi c’est plus qu’un choix technique

La restriction des chaudières au mazout / charbon s’inscrit dans une logique plus large : la Wallonie veut aligner sa politique énergétique sur des objectifs climatiques, via son Plan Air Climat Énergie (PACE) 2030.

  • Le PACE prévoit non seulement l’interdiction de nouveaux appareils fossiles, mais aussi des incitants financiers pour aider les ménages à passer à des solutions renouvelables : primes, subventions à l’enlèvement des citernes, etc.
  • L’objectif est de remplacer progressivement les vieilles chaudières, réduire la consommation de CO₂, et encourager le chauffage “vert” (pompes à chaleur, biomasse, solaire, réseaux de chaleur).
  • Pour un futur propriétaire, cela signifie que l’option “mazout” devient non seulement moins souhaitable sur le plan écologique, mais aussi non autorisée dans le neuf à partir de 2026.
  • De plus, passer à un système renouvelable dès maintenant peut vous sécuriser des primes, mais aussi vous éviter des frais de remplacement forcé plus tard.

Autres aspects pratiques à surveiller en 2026

Au-delà de l’énergie et des primes, quelques autres points législatifs ou pratiques peuvent impacter votre projet :

Urbanisme et permis

  • Les modalités de permis d’urbanisme évoluent progressivement, avec des simplifications prévues (dématérialisation des demandes, etc.). Cela peut rendre la procédure administrative plus fluide, mais dépend fortement de votre commune.
  • Il est important de travailler dès le début avec un architecte ou un maître d’œuvre qui connaît bien ces évolutions locales.

Santé intérieure / qualité de l’air

  • En renforçant la performance énergétique (isolation, étanchéité, ventilation), il faut garantir que la qualité de l’air intérieur ne soit pas négligée : la mise en place d’un système de ventilation performant devient plus importante, surtout pour les maisons très bien isolées.
  • Vous devrez probablement intégrer dans vos plans un système de ventilation (ventilation mécanique simple flux, double flux, ou autre) adapté aux nouvelles exigences PEB.

Matériaux durables

  • Si vous optez pour des isolants biosourcés (paille, bois, chanvre, etc.), vous pourriez non seulement contribuer à votre exigence renouvelable, mais aussi peut-être bénéficier de primes ou d’un soutien selon le nouveau régime des aides.
  • Pensez à discuter dès la conception avec vos architectes / entrepreneurs pour intégrer des matériaux durables et adaptés aux nouvelles normes.

Impacts financiers et planification

  • Le coût de construction peut augmenter en partie à cause des exigences renouvelables, mais ces investissements peuvent être amortis via les économies d’énergie et les aides.
  • Il est judicieux de faire des simulations : incluez dans votre budget plus que le strict “chauffage classique + isolation minimale” et prévoyez des options “énergie renouvelable + PEB conforme”.

Quels avantages pour vous ?

Malgré les contraintes, ces nouvelles législations ouvrent des opportunités intéressantes :

  1. Des économies d’énergie à long terme : en mettant en place des systèmes renouvelables dès la construction, vous limitez fortement vos factures de chauffage et d’électricité (surtout si vous combinez avec du solaire et du stockage).
  2. Une valeur immobilière plus élevée : les maisons performantes sur le plan énergétique sont de plus en plus demandées, et des certificats PEB favorables peuvent jouer positivement lors d’une vente.
  3. Un soutien régional : les primes à la rénovation, les aides à la transition énergétique (par exemple pour remplacer des chaudières fossiles) vous permettent de réduire l’investissement initial.
  4. Contribution climatique : en construisant “vert”, vous participez à la réduction des émissions et à la transition vers un habitat plus durable en Wallonie.

Les risques et pièges à éviter

Néanmoins, il y a des écueils possibles :

  • Sous-estimer les coûts : ne pas budgétiser correctement les systèmes renouvelables peut conduire à des dépassements ou des compromis non souhaités.
  • Mauvaise conception : si votre architecte / bureau PEB n’est pas à jour sur les nouvelles méthodes de calcul, il peut y avoir des erreurs ou des non-conformités.
  • Mauvais timing pour les primes : si vous rénovez, attendre la réforme d’octobre 2026 peut sembler séduisant, mais vous courez le risque que les conditions deviennent moins favorables ; à l’inverse, soumettre trop tard vos demandes sous le régime transitoire peut poser des problèmes.
  • Justifications d’exception : si vous cherchez à déroger à l’exigence 35 % ou à l’interdiction mazout, votre note justificative doit être solide et bien documentée, sinon, l’administration peut rejeter votre demande.
  • Qualité de réalisation : des systèmes renouvelables mal installés (pompe à chaleur, PV, isolation) peuvent ne pas fonctionner de façon optimale, ce qui réduit les gains énergétiques attendus.

Conseils pratiques pour bien préparer votre projet en 2026

Voici quelques recommandations pour tirer parti au maximum de ces changements :

  1. Parlez dès l’esquisse avec votre architecte des exigences 2026 : mentionnez explicitement l’obligation des 35 % renouvelables et l’interdiction mazout/charbon, afin d’intégrer cela dès la conception.
  2. Choisissez un bureau PEB compétent et à jour : vérifiez qu’il connaît bien la version 15.0 du logiciel PEB et les nouvelles méthodes de calcul.
  3. Simulez plusieurs scénarios énergétiques : “renouvelable minimal”, “renouvelable + stockage”, “énergie passive + PV”, etc., pour estimer les coûts, les économies et les retours sur investissement.
  4. Planifiez votre demande de prime (si rénovation) : anticipez le dépôt avant la fin du régime transitoire (et étudiez bien les plafonds de revenus, les travaux éligibles, etc.).
  5. Préparez une note d’exception si nécessaire, si votre projet présente des contraintes techniques ou financières rendant difficile le respect des 35 %. Travaillez cette note avec votre architecte / bureau d’étude pour qu’elle soit robuste.
  6. Envisagez des matériaux durables : utilisez des isolants biosourcés, discutez des options “durables” avec vos entrepreneurs, car cela peut vous aider à atteindre les objectifs réglementaires et environnementaux.
  7. Suivez l’actualité réglementaire : les décrets et arrêtés peuvent encore évoluer (par exemple sur les aides, la mise en œuvre des règles), donc restez informé via les sites du SPW, d’Espace Wallonie, des guichets énergie, etc.

Des changements majeurs en 2026 pour vos travaux de construction

En résumé, si vous construisez (ou allez faire construire) en Wallonie, 2026 représente un virage déterminant : de nouvelles obligations énergétiques, l’interdiction des systèmes de chauffage les plus polluants, et un régime d’aides qui se transforme. Ces changements peuvent paraître exigeants, mais ils sont aussi porteurs d’opportunités : réduction des factures, valorisation de votre bien, contribution à la transition écologique.

Pour réussir votre projet dans ce nouveau cadre, il est essentiel de planifier dès le départ, de travailler avec des professionnels à jour, et de bien comprendre les aides disponibles. En faisant cela, vous maximisez vos chances de construire une maison réellement durable et conforme aux exigences de demain.